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Souffrance et Salut (suite) (22/04/2020)

Le 26 juillet 2018 j'ai écrit sur la souffrance. Je voudrais maintenant prolonger cette réflexion étant en train de lire la lettre apostolique de Jean-Paul II : "le sens chrétien de la souffrance".

Depuis maintenant des années, je suis toujours en interrogation : pourquoi son Fils a-t-il dû souffrir ? pourquoi la souffrance du juste ? pourquoi la souffrance d'un enfant ?…

…… Hier soir, avant de me coucher, en relisant Jean 3, 1-21 , une idée intéressante m'est venue. Je vous la soumets…

Je l'ai déjà écrit dans une note, pour moi il y a deux morts. La mort naturelle, physique à laquelle toute créature est exposée tôt ou tard. Elle fait partie du cycle de la vie pour que celle-ci puisse évoluer. Cette mort existe depuis les origines du monde, créée pour assurer l'évolution vers la complexité nécessaire à l'apparition des espèces et de l'homme.

Et il y a la mort spirituelle selon laquelle l'homme se trouve séparé de Dieu. C'est dans ce sens que je lis le passage biblique : "Dieu n'a pas fait la mort". Cette mort effectivement ne fait pas partie de la création ; elle n'est pas créée. Nous avons été créés pour nous unir à l'Esprit, à la Vie. La désunion a pour conséquence la mort sans que celle-ci ait eu besoin de création. Cette mort est une non-vie ; elle n'a pas de substance en elle-même. C'est une mort qui fait état d'un manque, d'une absence de toute relation.

Lorsque cette dernière mort intervient, c'est sans retour, pour l'éternité. Notre existence, dans ces circonstances ne serait que solitude et non-vie. Je ne peux réaliser la souffrance ainsi engendrée. Parler de l'enfer, quelque imagination douloureuse que nous puissions nous former, est de toutes façons bien en-dessous de la réalité de cette mort. Et vaincre cette mort est bien au-dessus de nos seules forces humaines.

Pour en revenir à la souffrance, pour moi, il y a aussi deux sortes de souffrances. Une souffrance qui est intrinsèque au processus de création, en lien avec la mort naturelle et physique. Elle est bonne car elle nous permet d'éviter le danger, elle permet de nous corriger de nos erreurs. Et pour les hommes, elle nous pousse et nous apprend justement à garder le contact, à garder le lien avec les personnes aimées.

Et inversement, se trouve la souffrance spirituelle dû à la rupture du lien, de la relation. Là aussi, comme pour la mort, cette souffrance n'est pas de l'ordre du créé, même si elle est ressentie bien réellement, dans notre corps et dans nos tripes.

Ainsi, de même que je n'imagine pas une séparation nette entre l'une et l'autre mort, il n'y a pas non plus de séparation nette entre l'une et l'autre souffrance. Quand nous mourrons, quand nous souffrons, c'est tout notre être qui meurt et qui souffre. Il est très difficile de faire la part de l'une et de l'autre. Si les deux morts et les deux souffrances se distinguent par leur finalité, dans le quotidien leurs effets sont très difficilement dissociables. D'où nos confusions…

Je me souviens d'une fois où en travaillant je m'étais tordu la cheville. J'ai interpellé Dieu en lui disant : "Pourquoi moi ?" Rageant contre "la faute à pas de chance !" alors que dans ce cas précis, je n'étais tout simplement pas présent à moi-même et insuffisamment attentif où je mettais les pieds. Dieu ne nous épargnera pas les souffrances quotidiennes tant que nous ne serons pas revenus dans le chemin de la présence à soi et à l'autre…… et le jour où nous sommes à nouveau vraiment présent à lui et à chacun, nous ne demandons même plus d'éviter la souffrance mais de prendre notre part du fardeau pour soulager et accompagner nos frères d'infortune.

C'est la foi qui me fait dire cela. Et je sais que nous ne subissons actuellement pas de mort ou de souffrance définitive. Tant que le jugement n'est pas prononcé, nous pouvons toujours espérer l'acquittement. Le Fils de Dieu n'est pas venu pour juger, mais pour nous sauver.

En amitié avec vous mes frères. André.

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